Le secteur bancaire, une chance pour la blockchain et les cryptomonnaies

Le secteur des services bancaires offre en particulier des opportunités pertinentes d’utilisation de la blockchain, dans la banque de détail pour les services de paiement (via des cryptomonnaies et plus particulièrement leur version « régulée », les devises numériques de banques centrales), mais aussi dans la filière titres. On n’omettra par ailleurs pas que dans certains pays, les nouveaux actifs numériques pourraient à l’avenir jouer un rôle essentiel dans l’inclusion bancaire des populations ou le taux de bancarisation est faible.

Croissance et effondrement

Après deux années de croissance exponentielle, le monde des cryptomonnaies a donc basculé à partir de la mi-2022, avec notamment l’effondrement de la valeur du stablecoin TerraUSD (mai 2022) et la faillite du hedge fund spécialisé dans les cryptomonnaies Three Arrows qui a entraîné par ricochet celle du prêteur de cryptomonnaies Celsius Network (juillet 2022).

Plus récemment, on retiendra surtout la retentissante faillite de la plateforme FTX (et ces effets en cascade sur les activités d’autres acteurs majeurs de l’écosystème tels Genesis et BlockFi), qui a fini d’écorner l’image de ces nouveaux types d’actifs auprès du grand public et conduit à une accélération sensible des projets de régulation dans de nombreux pays.

Dans ce contexte apparemment peu favorable, les différentes initiatives lancées à la fois par les banques centrales et les banques commerciales pour une utilisation de la blockchain dans la gestion des paiements (avec notamment, en Europe, le projet d’Euro numérique de la Banque Centrale Européenne) et des traitements post-marché des activités titres offrent de nombreuses perspectives concrètes et innovantes.

La réponse des banquiers centraux

L’Euro numérique promet en effet d’accroître la rapidité et de réduire les coûts des transactions de paiement (notamment transfrontalières), de développer des solutions de paiement instantané disponibles 24H/24 et 7/7 et, plus généralement, de développer des solutions de paiement alternatives au cash et accessibles au plus grand nombre (en particulier les personnes en situation précaire).

Aujourd’hui on compte 11 CBDC opérationnelles et 17 sont en phase pilote ainsi qu’une soixantaine en phase de développement ou de recherche.

En Europe, un premier rapport sur l’opportunité de lancer un Euro numérique a été publié sous l’égide de la BCE en octobre 2020 et une phase d’étude a été formellement lancée en octobre 2021 avec pour objectif de définir ses fonctionnalités et usages prioritaires.

Les conclusions de cette étude, rendues publiques le 18 octobre 2023, sont les suivantes : l’Euro numérique pourrait dans un premier temps être utilisé pour des opérations entre particuliers, dans des points de vente physiques, en ligne ainsi que pour des transactions avec des administrations publiques de la zone Euro et il serait disponible via les applications bancaires classiques ainsi que via une autre application directement reliée à l’Eurosystème.

Parmi les contraintes et points d’attention identifiés, à noter en particulier l’accent mis par la BCE d’une part sur la nécessité que le développement de l’Euro numérique n’entrave pas la bonne exécution de la politique monétaire et d’autre part sur le fait que son développement s’effectue tout en respectant les meilleures pratiques en matière de processus de contrôles clés,s dans les domaines de la KYC ou LAB-FT par exemple.

L’impact sur le secteur bancaire

La filière titres est aussi une excellente candidate aux développements basés sur les technologies de type blockchain : la tokenisation permettrait d’améliorer la rapidité et la fiabilité des mécanismes de règlement / livraison et in fine de réduire les coûts de traitement opérationnel, dont une large part correspond actuellement aux différentes tâches nécessaires à la gestion des « matching » d’instructions et résolutions de suspens, ceci tout en améliorant la sécurité des transactions.

L’interconnexion entre les différents marchés mondiaux, actuellement très complexe, deviendrait également plus aisée.

En somme, en accroissant l’efficience des marchés et en améliorant la rentabilité des intermédiaires financiers concernés, ces technologies ouvriraient la porte à de nouveaux modèles commerciaux et à de nouvelles opportunités d’investissement, renforçant dès lors le potentiel de croissance sur le plan macro-économique.

Que ce soit pour les CBDC ou la tokenisation des actifs financiers, les impacts pourraient s’avérer majeurs pour les banques commerciales et concerner aussi bien leurs rôles que leurs organisations, locales et globales, ainsi que les TOM des différents métiers qui les composent et les infrastructures informatiques qui les soutiennent aujourd’hui. A l’heure d’une nouvelle étape de la transformation économique et numérique, nous pouvons penser que les possibles utilisations de la blockchain contribueront, à l’instar de l’IA, à sortir les banques commerciales de leur zone de confort et créeront un grand nombre d’opportunités de développement et de différenciation.

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